Voici le blog d'Elodie et Benoît, partis voir ce qu'il se passe de l'autre côté de notre cher globe. Donc direction longitude 180°, pour un périple autour du Pacifique, du Japon à l'Amérique du Sud.



mercredi 16 juin 2010

Into the wild, the retour

Après notre retour du Semeru, nous voici repartis pour rejoindre le troisième volcan important de l'Est de Java : le Kawah Ijen.
8h pour faire 300km, trajet en 4x4, bemo (mini-bus de transport local), bus, re-bemo, re-bus, et re-bemo rempli par une famille partie faire les courses à la ville et qui revient avec 120kg de tofu, 50kg de riz et autant de sucre.

Ascension du Kawah Ijen le lendemain matin : Benoit descend dans le cratère à la faveur d'un vent qui pousse les gaz dans le bon sens. L'air sent l'oeuf pourri, la roche est attaquée par le soufre des gaz.

En bas, c'est un peu l'Enfer de Dante : la fumée jaune et suffocante sort en grondant de plusieurs bouches au bord d'un lac chaud (42°C) et acide (les silhouettes donnent l'échelle).



Les porteurs de soufre ont posé des tuyaux pour canaliser les gaz soufrés et le soufre en fusion.
Ils récoltent des plaques entières du soufre figé avant de le remonter à dos d'homme les 150m jusqu'à la lèvre du cratère, puis de redescendre 600m jusqu'au camp des porteurs en bas. Chacun porte parfois plus de 100kg.


Lorsque nous les croisons, le soufre crépite encore en se refroidissant. Compte tenu des efforts et de l'atmosphère toxique, leur espérance de vie n'excède guère 40 ans. On se croit revenu aux mines de charbon de Zola.


On leur a acheté quelques petits bouts de soufre pour 5000 Rps, c'est toujours ça de pris pour eux. Mais il y a un contraste désolant, presque obscène, entre ces forçats et certains touristes qui viennent voir le volcan. Une retraitée française distribuait des biscuits à chaque porteur comme des cacahuètes aux singes des zoos.
Un peu dans le même genre, un vieux porteur nous raconte en français (!) l'escapade de Nicolas Hulot il y a quelques années, venu avec une débauche de moyens, révoltante par rapport à la pauvreté des locaux : arrivée en hélico pour ensuite explorer en canot pneumatique le lac acide de l'Ijen, tout ça pour faire un joli Ushuaia Nature...


Redescente à pied (le camion qui remporte le soufre est d'une ponctualité douteuse) à travers la jungle javanaise. La forêt est un peu inquiétante, et en même temps magnifique. On croise quelques familles de singes noirs dans les arbres, 30m au-dessus de nous. On finit en scooter, puis en ferry jusqu'à Bali. Ouf.



PS : spécial coucou à Charlotte et Guillaume si vous lisez ces lignes, et merci encore de nous avoir dépanné en roupiahs. :)
On vous souhaite une fin de lune de miel plus reposante !

3 commentaires:

Geneviève a dit…

Je me souviens du reportage de Nicolas Hulot et ça ne m'étonne pas. C'est d'ailleurs inévitable.
Il y a certainement beaucoup à dire de ces reportages qui font notre bonheur de téléspectateurs.

Unknown a dit…

c'est un peu le même problème quand tu voyages sur internet.....Et c'est pour cela que j'attendais vos "yeux" . . Avec vous, chaque jour dévoile des sensations que l'on ne peut pas ressentir à travers les guides touristiques.une contradiction entre la réalité et la beauté des paysages. Un sacré mélange.

Serge a dit…

Chaque fois que j'allume une allumette, j'ai une pensée pour ces forçats du souf(f)re. Mais ce n'est pas au bout de ces petits bouts de bois qu'on consomme le plus de soufre. Ce minérais intervient d'abord dans de nombreux processus chimiques lourds de l'industrie. Par exemple, pour 1 kg d'uranium, il faut je ne sais plus combien de dizaines de kilos de soufre pour obtenir l'uranium tout seul (et des milliers de litres d'eau potable, mais c'est encore un autre problème).
L'Indonésie cumule les problèmes du genre. Vous savez, les baguettes qu'on déballe au jap du coin, et qu'on détache l'une de l'autre en les cassant. Elles sont faites en bois de Sumatra. Chaque année, ce sont des centaines de millions de baguettes qui sont utilisées une fois, et une seule. Puis qui sont jetées. Ca correspond à des milliers d'hectares de forêt primitive, et l'Oran Outang disparait petit à petit.
Bon, j'arrête là pour ce soir. Et le bonjour à Bali (la dernière fois que j'y étais, c'était dans une autre vie, en 1984, et j'avais 7 ans).
Et le Mérapi, vous n'y avez pas été? Et Borobudur?

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